Le CNRS signale une mauvaise gestion des aires marines protégées

Le CNRS signale une mauvaise gestion des aires marines protégéesPhoto : Kanenori / Pixabay

Les océans, qui couvrent presque 71 % de la surface de la Terre, sont des régulateurs climatiques essentiels et abritent une biodiversité d'une richesse inestimable. Pourtant, malgré les avertissements répétés des scientifiques, les efforts pour les protéger demeurent largement insuffisants. Un constat alarmant relayé par des chercheurs du CNRS qui soulignent l'urgence de prendre des mesures contraignantes et strictes pour préserver l'écosystème marin.

Pour étayer ses propos, le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) a réalisé une étude sur les 100 plus grandes zones marines protégées du globe. Réglementations, moyens de surveillance, activités humaines et respect de la législation, entre autres, ont ainsi été scrutés par l'institution française afin de sortir une sorte d'instantané de la manière dont ces aires marines protégées (AMP) sont actuellement gérées. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les résultats ne sont pas très reluisants.

Pour commencer, le CNRS a estimé qu'environ 25 % des AMP sont en défaillance : elles ont des frontières clairement délimitées et communiquées, mais sont laissées sans surveillance. Rien ne vient ainsi garantir que la faune et la flore censées y être préservées le sont réellement. Mais il y a plus grave : toujours selon l'institution, le tiers de ces aires protégées sont le théâtre d'activités mettant en danger leurs écosystèmes, et ce, bien qu'elles soient bel et bien surveillées et déclarées comme étant des AMP. C'est ainsi que pêche industrielle, dragage de sable ou encore exploitations minières peuvent avoir lieu en pleines zones protégées.

Ces constats sont d'autant plus une gabegie que les AMP sont des outils cruciaux pour la préservation des océans. En effet, une zone marine strictement protégée et sanctuarisée voit son écosystème se repeupler spontanément en à peine 3 ans, avec l'épanouissement d'espèces variées et surtout en bonne santé. Encore faut-il cependant choisir avec discernement les zones à préserver et ne pas faire comme ces quelques États qui ont, à dessein, pris le parti de sauvegarder des zones de peu d'intérêts économiques, mais aussi, fatalement, peu pertinent d'un point écologique, afin de remplir leur quota d'AMP sans bousculer leurs habitudes d'exploitation de la mer.

Afin que la stratégie des AMP soit réellement efficace, le CNRS appelle à une mobilisation globale, où scientifiques, gouvernements et société civile travaillent de concert pour déterminer et appliquer une réglementation normée, astreignante et sans équivoque pour gérer toutes les aires marines protégées. Sans cela, le risque sera de se complaire à privilégier la quantité au détriment de la qualité pour, finalement, un gain nul pour les océans.

Par Andriatiana Rakotomanga