Le brise-lames, l'ultime protecteur du littoral

Protecteur méconnu du bord de mer, parfois invisible mais toujours au taquet, le brise-lames est un héros anonyme. Sans lui, nos côtes auraient un tout autre visage, sans parler des ports qui seraient beaucoup moins pratiques. Zoom sur le brise-lames, ce grand ignoré du littoral.
Le brise-lames, l'ultime protecteur du littoral

Des brise-lames, vous en avez déjà croisé de toutes sortes, surtout si vous êtes un habitué des bords de mer. Mais il y a fort à parier que vous ne vous doutiez pas de leur nature. Sentinelles discrètes, mais ô combien utiles, ces constructions sont l'une des lignes de défenses les plus efficaces contre les assauts de la mer, et sans doute les plus anciennes également.

Un rôle de protection avant tout

Le brise-lames, comme son nom le laisse amplement deviner, est une construction placée en mer destinée à briser les vagues un peu trop hautes venant du large. Installé à une distance minutieusement calculée du trait de côte, allant de quelques dizaines à plusieurs centaines de mètres, son travail est de protéger la zone derrière lui en dissipant l'énergie de la houle.

Les premiers brise-lames ont été construits pour sécuriser les bateaux en ancrage, que ce soit dans un port, une rade ou une simple zone de mouillage. La zone de mer calme entre eux et la côte est alors préservée, même en cas de grain.

Mais au-delà des ports, les brise-lames sont également utilisés pour protéger les baigneurs de vagues trop fortes, pour préserver une côte fragile de l'érosion, ou tout simplement pour renforcer une lagune.

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Les différents types de brise-lames

Un brise-lames peut prendre les formes les plus anodines. Les plus connus et les plus identifiables sont les brise-lames en enrochement, des monticules de très grosses pierres pouvant résister aux tempêtes.

Mais un brise-lames peut également être une simple jetée, un ponton ou une digue. En fait, du moment que la structure permet d'arrêter ou de casser l'énergie de la vague, on la considère comme un brise-lames. Cela inclut donc les fameux tétrapodes, mais aussi ces étranges troncs d'arbres plantés dans la grève ou même les épaves de bateaux laissés au large.

Enfin, un brise-lames n'a pas à affleurer en surface ou à être solidement ancré par le fond pour être efficace. Il existe des brise-lames immergés ou même flottants qui protègent tout aussi bien.

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Un système remis en question

Si les brise-lames ont longtemps été utiles aux côtes, leur intérêt est aujourd'hui remis en question face aux nouvelles tendances de ré-ensablement. Ainsi, après avoir renforcé leur littoral à grands coups de sable prélevé au large, les Pays-Bas envisagent sérieusement de détruire leurs brise-lames devenus inutiles.

Avec la démocratisation du renforcement au sable, le ratio efficacité/coût du brise-lames est aussi mis en perspective. En effet, l'installation d'un brise-lames se fait selon plusieurs paramètres in situ (force de la houle, mer avec ou sans marée, bathymétrie, etc.) qui influenceront ses caractéristiques (longueur, degré de pente...) et son implantation (profondeur, positionnement par rapport à la côte...). Un brise-lames mal étudié peut alors, sans le vouloir, exacerber l'érosion qu'il est censé combattre, sans compter sa relative efficacité : s'il lutte bien contre l'érosion, il ne fait souvent que la renvoyer en amont ou en aval (cas des brise-lames avec fondation).

En attendant, les brise-lames sont des écosystèmes à part entière, servant de fixation aux mollusques et aux algues, d'abri aux poissons et aux crustacés, et de garde-manger aux oiseaux marins. Pas sûr alors que les détruire arbitrairement soit une bonne idée, alors qu'ils contribuent à sauvegarder la biodiversité dans un milieu de plus en plus urbanisé.

Par Andriatiana RakotomangaPublié le 25/09/2019