La Terre est en train de boire les océans du globe
Une étude en profondeur
La subduction est un phénomène par lequel une plaque tectonique s'enfonce sous une autre. Lorsque le processus implique une plaque tectonique océanique, il entraîne une descente d'eau dans la croûte terrestre.
Jusqu'ici, on ne savait pas quel volume était ainsi englouti par la Terre et c'est pour répondre à cette question qu'une équipe spécialisée en géologie marine et géophysique venant des universités de St Louis, à Washington, et de Stony Brooke, à New York, ont étudié la zone de subduction de la fosse des Mariannes, l'endroit le plus profond du monde : à cet endroit, la plaque océanique du Pacifique se courbe pour s'enfoncer sous la plaque Philippine.
Une perte d'eau massive
Afin d'évaluer de la façon la plus précise possible le volume d'océan avalé par la planète, les chercheurs ont installé un réseau de 19 capteurs sismiques tout autour de la fosse. Ils en ont ensuite associé les relevés aux données de 7 stations sismologiques proches.
Avec les enregistrements sonores récoltés sur toute une année (sons ambiants, résonance des tremblements de terre, sons des séismes, etc.), ils ont pu obtenir une résolution spatiale très précise des lieux et ont pu observer que l'eau pénétrait jusqu'à 32 km de profondeur.
Attention, on ne parle plus ici d'eau liquide, mais de roches "humides". En effet, la pression et la température très élevées sous le manteau font que l'eau engloutie se mélange à des oxydes métalliques pour donner des cristaux hydroxylés.
De l'eau dans les zones de subduction
Au fur et à mesure que la subduction avance, les cristaux plongent de plus en plus dans le manteau terrestre, jusqu'à 100 km sous terre. Ils sont ensuite libérés lors d'éruptions volcaniques, mais comme seule une petite partie est susceptible de croiser la route d'un volcan, cela signifie que les zones de subduction stockent un grand volume d'eau venant de nos océans.
L'étude a ainsi révélé que la fosse des Mariannes absorbait un volume d'eau 4 fois supérieur aux dernières estimations et, selon les chercheurs, 3 milliards de téragrammes d'eau par million d'années écoulé y sont enfouis (un téragramme correspondant à un milliard de kilogrammes). A l'échelle mondiale, les estimations sont à multiplier par trois selon eux !