La plage d'Essaouira : kitesurf, dromadaires et thé à la menthe
Située sur la côte sud-ouest du Maroc, à environ 175 kilomètres de Marrakech, Essaouira est une station balnéaire peu fréquentée par les touristes étrangers, mais très prisée par les Marocains qui en font aisément leur lieu de villégiature, notamment l'été.
Une plage sculptée par les vents permanents
Déserte en hiver, la plage d'Essaouira est prise d'assaut en plein été. Familles et groupes d'amis viennent y passer la journée, malgré un vent qui y souffle sans cesse. La Cité des Alizés, comme on l'appelle, est balayée par des vents puissants qui font la joie des adeptes de kitesurf et de planche à voile. La plage accueille d'ailleurs une étape de la Coupe du Monde de Kitesurf. Les enfants, quant à eux, lorsqu'ils ne construisent pas des châteaux de sable, se régalent avec leurs cerf-volants, en attendant de pouvoir fendre les flots avec une voile plus grande, comme le font leurs aînés.
La plage forme un grand arc de cercle autour de la baie, offrant ainsi un beau panorama, quel que soit l'endroit où l'on pose les pieds. La partie de la plage située près de la médina propose transats et parasols. Les ados disputent des parties de foot endiablées, tandis que les parents surveillent les plus jeunes pataugeant dans les baïnes, ces grands bassins qui apparaissent à marée basse. Ces derniers rendent parfois difficiles les balades au bord de l'eau, en créant des fossés entre le rivage et le sable sec.
Le long de la plage, une vaste promenade permet de traverser la ville sans quitter l'océan des yeux. On y trouve de nombreux vendeurs ambulants, proposant glaces, beignets, jus de grenade, pop-corn, pois-chiches, maïs grillé... Ce remblai nous emmène jusqu'à un site un peu plus sauvage, avec ses dunes et ses caravanes de dromadaires. On peut également y galoper à cheval, pour une balade originale au bord de l'eau. Les plus nonchalants préféreront faire une halte à la terrasse d'un café, pour y déguster un thé à la menthe face à l'horizon.
Encore plus loin, la plage révèle un autre visage : une large bande de sable quasi déserte s'étire sur des kilomètres, offrant aux marcheurs courageux une magnifique promenade dans un calme absolu, parfois contrarié par le passage de quads en file indienne.
Derrière les dunes se détache le petit village de Diabat, où le célèbre guitariste Jimi Hendrix aurait déposé ses valises une dizaine de jours durant l'été 1969. Un mythe entretenu par les locaux, mais démenti par le biographe du musicien : l'artiste se serait contenté d'un séjour dans un bel hôtel d'Essaouira.
Des îles et des rochers
Aux pieds des remparts, la côte devient plus rocheuse, patiemment découpée par les vagues (elle rappellera des souvenirs aux Bretons et aux Vendéens de passage).
Au large se détachent les îles purpuraires, où l'on fabriquait la couleur pourpre il y a 2000 ans. Protégeant le littoral des puissantes vagues de l'Atlantique, ces îles et îlots sont aujourd'hui inhabités et non ouverts à la visite, bien que certains s'y aventurent pour y pratiquer la pêche à pied.
La plus grande, l'île de Mogador (d'ailleurs ancien nom d'Essaouira à l'époque de la colonisation portugaise), est devenue une réserve protégée pour les oiseaux marins et les faucons d'Eléonore.
Le troisième port de pêche du Maroc
Faisant face à la médina, le port de pêche présente une activité bouillonnante. Construit au XVIIIe siècle pour faciliter le transit des épices et de l'or, il accueille des centaines de bateaux et de barques bleues, typiques d'Essaouira (la couleur bleue étant réputée attirer les sardines).
Chaque barque, construite sur place en un mois, possède une fonction particulière, selon le type de poisson qu'elle permet de pêcher : sardine, requin, poulpe, langouste... Bien que la promenade soit très jolie, sachez qu'elle offre une expérience un peu extrême, entre le sol crasseux et les odeurs nauséabondes (le tout dû aux pêcheurs qui vident les poissons sur place, en laissant les restes aux mouettes, aux chats et aux chiens).
Il est toutefois possible de s'y attabler au déjeuner pour se faire griller le poisson de son choix, dont la fraîcheur ne fait pas de doute, sous les cris joyeux des gamins qui plongent allégrement dans l'eau, aux pieds de la forteresse.
Une forteresse d'inspiration française
Depuis le port, on peut admirer les remparts d'Essaouira : la Sqala de la kasbah (ou scala del mar, l'escalier de la mer). Avec ses tours carrées, son esplanade crénelée et ses canons en bronze, c'est un lieu de promenade très fréquenté, à la fois historique et romantique, qui permet de jouir d'un magnifique coucher de soleil sur l'océan.
Conçues par Théodore Cornut, à la demande du sultan Mohammed ben Abdellah, ces fortifications avaient pour but de protéger la ville des invasions étrangères. L'architecte français, élève de Vauban, s'est inspiré des travaux de ce dernier pour construire la Sqala en 1767.
Pour les fans de la série télévisée "Game of Thrones", sachez qu'Essaouira n'est autre qu'Astapor, la "ville rouge" où Daenerys Targaryen s'empare de l'armée des Immaculés.
De la médina à la ville nouvelle
Si vous poussez la visite en entrant dans la médina par l'une des grandes portes qui percent la forteresse, vous découvrirez l'ancienne ville, restée quasiment dans son jus.
Perdez-vous (au sens propre) dans le dédale labyrinthique de ses innombrables ruelles, peuplées de milliers de chats adorables. Flânez au milieu des centaines de boutiques des souks, proposant des épices, de l'huile d'argan, des babouches, des objets en bois, de la vaisselle en terre cuite, des bijoux, des pâtisseries, du poisson et des jus de fruits frais. Méfiez-vous tout de même des tarifs, c'est le royaume de l'arnaque la négociation : ici, tout se marchande.
Arrêtez-vous à une terrasse pour vous régaler d'un tajine de poulet aux olives, d'un couscous de poisson ou d'une pastilla au pigeon. Osez la cuisine de rue, en goûtant à une figue de barbarie, un jus de canne à sucre ou un bol d'escargots. La médina est un endroit hétéroclite, fascinant, enivrant et hors du temps - mais où vous pourrez tout de même acheter un smartphone.
Derrière les murs ocres et épais de la ville fortifiée, la ville "nouvelle" apparaît plus brute, mais finalement bien plus authentique.
On y trouve une succession de petits marchés en plein air et de cafés conviviaux. Les odeurs de pain se répandent à tous les coins de rue, au son des artisans qui travaillent le bois ou le métal à même le trottoir.
Les différents quartiers sont desservis par toute une flotte de calèches qui remontent les avenues au milieu des petits taxis.
Essaouira se révèle inattendue, vibrante et dépaysante. Que l'on passe ses journées les pieds dans le sable ou à arpenter les souks, c'est une étape incontournable pour qui souhaite découvrir le Maroc dans sa version la plus attachante.