Des barrières dans les rivières pour limiter la pollution plastique

Deux ingénieurs italiens viennent de proposer une idée simplissime, mais ô combien ingénieuse, pour récupérer les déchets plastiques qui polluent les rivières et ainsi préserver les océans. Avec un système de barrières peu immergées, entraînant les détritus vers le rivage, ils espèrent pouvoir nettoyer les eaux mondiales menacées.
Des barrières dans les rivières pour limiter la pollution plastique

Quand on sait que chaque année, plus de 8 millions de tonnes de déchets plastiques finissent leur course dans les océans, on comprend l'urgence de trouver une solution viable pour les préserver. Celle-ci pourrait être ce système de barrière low cost, imaginé par deux ingénieurs italiens. Ils souhaitent installer leurs barrières dans les 10 fleuves les plus pollués, afin de capturer à la source près de 90% des déchets plastiques mondiaux.

Un système ingénieux de barrières espacées

C'est en travaillant à Jakarta, en Indonésie, que Fabio Dalmonte, un ingénieur italien de 36 ans, a découvert avec horreur le fleuve Ciliwung sur lequel flottent des milliers de déchets plastiques. Comme il l'affirme, "il faut le voir pour le croire…". Il raconte que dans certaines régions d'Asie, les habitants déversent toutes sortes de déchets dans l'eau, sans savoir qu'ils finiront leur course dans les océans.

Avec Mauro Nardocci, un Romain qui vit à New York, il a commencé à réfléchir à un système qui permettrait de traiter le problème en amont des mers et des océans, dans lesquels le mal est déjà fait. Leur recherche s'orienta ainsi vers un système simple et à faible coût de production, pouvant être installé même dans les zones les plus pauvres du monde, qui sont également les plus polluées.

Ainsi naquit la start-up Seads (pour Sea Defence Solutions) et son ambitieux projet de barrières de plastique recyclé, destinées à recueillir les détritus dès leur passage dans les rivières et les fleuves.

Moins de déchets et un gain financier pour les villes

Le système présenté semble simplissime et surtout il paraît évident. En plaçant deux barrières dans l'eau, de manière perpendiculaire et légèrement à l'oblique par rapport au sens du courant, et en laissant assez d'espaces entre ces deux barrières pour permettre la circulation maritime, on peut recueillir les déchets sans empêcher les humains de naviguer ni la faune locale de vivre. D'une profondeur de seulement 1 mètre, elles laissent en effet la place aux animaux marins de passer.

Les détritus plastiques vont venir se nicher contre la première barrière, qu'ils longeront sous l'effet du courant. Automatiquement, ils seront amenés vers la seconde barrière, qui les conduira sur le rivage. A cet endroit, un point de récolte est prévu, afin de ramasser le plastique récupéré et de pouvoir le recycler.

Ce dernier aspect est primordial, car ce sera une incitation pour les communes à accepter l'installation de ce système anti-pollution. Avec les déchets récoltés, traités et revendus, elles pourront gagner de l'argent tout en purifiant leurs eaux.

Un système de nettoyage pour les fleuves les plus pollués

Ces barrières, construites à base de plastique recyclé et de câbles en acier ne devraient pas coûter plus de 40.000 euros. Une solution peu onéreuse, que les deux italiens espèrent pouvoir installer sur les cours d'eau les plus pollués du monde.

Car il faut savoir que les 10 fleuves contenant le plus de détritus brassent à eux-seuls environ 90% du plastique qui sera déversé dans les océans. 8 d'entre eux se situent en Asie (dont 4 en Chine) et les 2 autres se trouvent en Afrique.

Essayer de stopper l'arrivée de ces déchets dans les océans serait donc un énorme pas en avant vers une limitation du déversement de plastique dans ces eaux. Si on en croit les dires de l'ONU, il pourrait y avoir en 2050 plus de plastique dans les océans que de poissons. Même s'ils savent que la route est encore longue pour faire adopter leur projet, les deux ingénieurs comptent se battre pour empêcher la réalisation de cette sinistre prophétie. On leur souhaite évidemment bonne chance.

Par Mickael Publié le 13/02/2019