Les tourteaux grandement menacés par l'acidification des océans

Les tourteaux grandement menacés par l'acidification des océans

Devrons-nous aussi bientôt mettre le tourteau sur la liste des animaux en danger critique d'extinction ? Impacté par l'acidification des océans, le décapode a en effet de plus en plus de mal à se fabriquer une carapace, ce qui le met en sérieux péril.

L'acidification compte parmi les grandes menaces qui pèsent sur l'océan. Elle résulte de la pollution océanique, mais aussi et surtout du rejet de dioxyde de carbone qui ne fait qu'augmenter au fil des ans. Les océans sont en effet des pompes naturelles à CO2, pouvant absorber 30% du gaz carbonique rejeté dans l'atmosphère. Sauf que cette capacité a un coût : par le biais d'une succession de réactions chimiques, l'emprisonnement du CO2 dans l'eau entraîne une lente, mais palpable diminution de son pH. Et à en croire les Dr. Richard Feely et Nina Bednarsek, cette acidité a désormais atteint un niveau assez élevé dans le Pacifique pour inquiéter les tourteaux.

Les deux océanographes, mandatés par l'agence américaine NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), ont pu observer au cours de leurs recherches ce qu'ils appellent un "effet de dissolution sur les larves des crabes". En effet, la carapace d'un crabe est composée à 75% de carbonate de calcium, un matériau solide, mais qui se dissout aisément en milieu acide. Ils ont alors découvert que non seulement les tourteaux juvéniles peinaient à se fabriquer une carapace, mais qu'en plus cette dernière s'abîmait rapidement, ce qui force les petits crabes à dépenser une précieuse énergie pour les réparer.

Ils ont également remarqué que les décapodes se comportaient erratiquement et avaient du mal à s'orienter. En cause, leurs organes sensoriels endommagés, là aussi par l'acidité de l'eau. Enfin, comme les larves perdent trop d'énergie à entretenir leur carapace, ils ne grandissent pas assez et demeurent plus longtemps vulnérables. Il y a donc fort à parier que leur taux de survie aille en diminuant avec le temps.

Cette étude s'est concentrée au large des états américains de Washington et de l'Oregon, sur des zones côtières où, forcément, le phénomène d'acidification est particulièrement accentué à cause des activités humaines. Mais même si pour l'instant, il reste localisé aux côtes, il n'en reste pas moins inquiétant et offre de bien sombres perspectives pour l'ensemble de la faune marine.

Par Andriatiana Rakotomanga