Le bikini version mini scandalise les Philippines
Boracay est l'une des principales destinations touristiques des Philippines. On compte plus de 700.000 touristes annuels pour une population de seulement 33.000 habitants. Une telle concentration de population étrangère dans un pays catholique pratiquant, aux mœurs plutôt conservatrices, ne manque pas de provoquer des frictions.
Une certaine permissivité est tolérée dans les endroits fréquentés par les touristes, car les affaires sont les affaires. Mais il y a tout de même des limites que la morale ne peut laisser dépasser. C'est ce qu'aura appris Lin Tzu Ting, une vacancière taïwanaise de 26 ans, le 10 octobre 2019. Elle a eu la bonne idée de se rendre à la plage vêtue d'un microkini. Ce vêtement est un bikini vraiment minimaliste. Pour faire court, un ticket de métro, une ficelle et deux mouchoirs de poche.
Tout aurait pu passer inaperçu si la scène n'avait été prise en photo. Enfin inaperçu pour les autorités, car toute la plage jouait à "qui trouvera le bikini" sur la jolie Taïwanaise. Et bien entendu, arriva ce qui devait arriver : une âme chaste a jugé bon d'appeler la police pour faire cesser l'exhibition. Un short et un t-shirt plus tard, son petit ami et elle se sont retrouvés au poste de police où ils ont expliqué à l'agent que cette tenue est, à leurs yeux, une forme d'art.
Une tenue légère qui n'est pas formellement interdite par la loi philippine. Peu importe, un décret de 2013 interdisant la prise de photos obscènes fera l'affaire. Il se dit que ledit décret n'est normalement applicable qu'aux photographes professionnels, mais le couple a quitté Boracay le jour suivant sans demander son reste et non sans s'acquitter au préalable d'une amende de 2.500 pesos philippins (environ 45 euros). Le commissaire de l'île, Jesse Baylon, justifie sa décision : le fameux bikini n'était qu'un morceau de ficelle et, si les coutumes sont différentes à Taïwan, il est nécessaire de respecter celles de son pays lorsqu'on s'y trouve.
L'île de Boracay est victime du tourisme de masse, si bien que le gouvernement philippin a pris des mesures énergiques pour limiter les effets indésirables. En 2018, la fermeture totale de l'île pendant 6 mois pour nettoyage et réhabilitation s'est accompagnée d'un arsenal réglementaire concernant le nombre de touristes, les ordures, les activités autorisées ou non sur les plages, ainsi que pour favoriser une fréquentation plus familiale des lieux. Puisque c'est dans l'air du temps, les autorités n'excluent pas d'insérer un amendement sur la question de la tenue vestimentaire dans ces réglementations au lieu de simplement compter sur le bon sens.
Cerise sur le gâteau : l'événement, devenu viral, est arrivé le jour de la fête nationale taïwanaise. On aurait rêvé d'une meilleure célébration.