Une île artificielle dédiée à la production d'énergie

La COP 21 a donné aux pays signataires des objectifs en vue de réduire le réchauffement climatique à l'horizon 2050. Dans le nord de l'Europe, des entreprises s'organisent pour mettre en place au centre de la Mer du Nord un gigantesque champ d'éoliennes offshore organisé autour d'une île artificielle.

Le réchauffement climatique est en marche et l'humanité se voit contrainte de trouver de nouvelles sources d'énergie afin de limiter les effets de l'activité économique sur le climat. Devant le potentiel limité de l'éolien terrestre et du solaire, de nouvelles voies sont testées en mer.

Si de nombreux prototypes sont déjà en service ou en voie de l'être, une nouvelle idée a germé dans l'esprit des ingénieurs : créer une île artificielle entièrement dédiée à la production d'énergie d'origine renouvelable en mer.

Le North Sea Wind Power

Le projet a été baptisé North Sea Wind Power Hub. Il s'agit d'une île artificielle autour de laquelle sera installé un champ de plusieurs centaines d'éoliennes flottantes.L'île est prévue pour occuper une surface de 6 km². Elle sera équipée de convertisseur chargés de transformer le courant alternatif en provenance des turbines en courant continu qui sera injecté sur le réseau électrique continental via un câble sous-marin.

Le reste de la surface sera occupé, entre autres, par des panneaux solaires. En période estivale, les vents sont moindres et l'éclairement optimal. En période hivernale, la situation est inverse. L'île est donc ainsi conçue pour pouvoir produire une puissance électrique minimale tout au long de l'année.

Les installations nécessaires à la maintenance de l'ensemble ainsi qu'un petit port et un aérodrome permettant au personnel d'aller et venir sur l'île complètent le dispositif.

Le « Dogger Bank »

Pourquoi ce projet est-il prévu d'être installé en Mer du Nord ? Tout d'abord parce qu'il est porté par les exploitants de réseaux électriques de trois pays limitrophes : le Batave TenneT TSO BV, le Danois Energynet et l'Allemand TenneT TSO GmbH. Le Royaume-Uni, la Norvège et la Belgique, autres pays limitrophes, se sont également montrés intéressés.

L'emplacement prévu est un haut fond situé pratiquement à la limite des eaux territoriales entre les Pays-Bas, le Danemark et l'Allemagne. Il s'agit d'un banc de sable dénommé « Dogger Bank » situé entre 15 et 36 mètres de profondeur seulement sur une surface de plus de 17.000 km², autrement dit autant que le Limousin, dans un secteur où les vents sont optimaux.

Objectif déclaré : la transition énergétique

Les promoteurs de ce projet ont en ligne de mire les engagements de la Conférence de Paris sur le Climat, plus connus sous le nom de Cop 21, signés en 2015, et notamment en matière d'émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2050. Les trois entreprises de production d'énergie ont signé en mars 2017 un accord de coopération. Avec leur compétence avérée en matière d'éolien offshore et d'interconnexions de réseaux électriques, elles ambitionnent d'inciter d'autres partenaires à les rejoindre dans les années à venir afin de créer un consortium.

Le projet serait capable de produire une puissance de 30 GW, à comparer avec les 13 GW produits à l'heure actuelle par l'ensemble des éoliennes en mer d'Europe. Un ensemble d'îles interconnectées pourrait regrouper jusqu'à 10.000 éoliennes et avoir une puissance s'élevant jusqu'à 100 GW, ce qui suffirait à alimenter en électricité jusqu'à 100 millions d'habitants !

L'intérêt de regrouper autant d'éoliennes au même endroit avec une île en son centre est également économique : les moyens logistiques seraient regroupés au même endroit au lieu d'être éparpillés comme c'est le cas actuellement. Les câbles tirés entre les différentes îles et les pays voisins pour la transmission de l'électricité pourront servir par la même occasion pour transférer de l'électricité entre ces mêmes pays.

Voici une visite virtuelle de cette île prévue pour produire de l'énergie :

Par Charles LorrainPublié le 09/06/2017