La piraterie moderne : qui sont les pirates d'aujourd'hui ?

Rendue romantique par la littérature du 19e siècle, la piraterie est plus aujourd'hui une affaire de subsistance que d'aventures. Oubliez les Barbe-Noire et Barberousse, les pirates modernes sont nettement moins romanesques.
La piraterie moderne : qui sont les pirates d'aujourd'hui ?

La piraterie existe depuis que l'humanité a su conquérir les mers et les océans, en témoignent les pirates phéniciens et mycéniens qui écumaient déjà la Méditerranée 260 ans avant J-C. Depuis, la piraterie est passée par différentes époques plus ou moins heureuses, avec un âge d'or au début des années 1700, jusqu'à aboutir à notre siècle contemporain où les pirates existent toujours. S'attaquant tant aux navires marchands qu'aux bateaux de plaisance, les pirates d'aujourd'hui n'ont toutefois plus rien à voir avec leurs illustres prédécesseurs.

Profil d'un pirate du 21e siècle

Qu'ils soient Somaliens, Nigériens, Indonésiens, Chinois ou Philippins, on peut classifier les pirates selon 4 profils distincts.

Tout d'abord, il y a les pirates qu'on qualifierait d'infortunes. Poussés par l'extrême misère dans laquelle ils vivent, ou encore anciens pêcheurs n'ayant plus rien à prendre dans leurs filets à cause de la surpêche, ils sont tentés par l'appât du gain facile. Au-delà de leurs précieuses cargaisons en effet, porte-conteneurs, gaziers et pétroliers ont beaucoup de liquide à leur bord pour payer le salaire des marins et faire face aux dépenses courantes. Or, ces navires sont très lents et faciles à arraisonner. Si par-dessus tout ça, on sait que les équipages sont en général réduits (une vingtaine d'hommes pour un tanker) et non armés, rien d'étonnant à ce que certains succombent aux sirènes de l'argent facile.

Ensuite, il y a les détrousseurs opportunistes, des brigands sans envergure comme on en voit hélas partout. Ceux-ci s'attaquent surtout aux bateaux de plaisance pour un butin souvent maigre.

Souvent également, derrière les pirates se cache le crime organisé, des mafias et autres gangs internationaux dont les ramifications atteignent des sommets inattendus. Dans ce cas-ci, la majorité des "recettes" du piratage iront alimenter un vaste réseau et seule une maigre partie reviendra aux pirates proprement dits.

Enfin, il y a les groupes terroristes qui, eux, ne sont pas attirés par les richesses transportées par les navires. Tout ce qui leur importe, c'est la violence et ils s'attaquent directement aux bateaux sans chercher à s'en emparer.

Piraterie : les zones à risque

Très logiquement, les pirates visent surtout les voies commerciales pour commettre leurs larcins, tout en restant toutefois proches des côtes. On compte aujourd'hui 3 zones à risque où se concentrent les attaques :

> Dans la mer des Caraïbes, notamment au large des côtes vénézuéliennes où la piraterie touche surtout les bateaux de plaisance.

> A l'ouest de l'Afrique, dans le golfe de Guinée.

> Au sud et au sud-est de l'Asie, où 60% des attaques se font alors que les navires sont à quai.

Il y a une dizaine d'années, l'est du Continent Noir, au large de la Corne de l'Afrique, était également une zone à très forte activité pirate. Celle-ci a toutefois drastiquement baissé depuis le déploiement de navires de guerre destinés à pacifier le secteur.

pirates

Les mesures prises contre la piraterie

Évidemment, il est hors de question de laisser des bandes armées de fusils d'assaut piller les navires et faire la loi sur les mers. En réponse, les pays, seuls ou fédérés en alliance, lancent petit à petit des contre-mesures.

Dans le golfe d'Aden par exemple, une flotte internationale composée d'une quinzaine de bâtiments de guerre appuyée par plusieurs avions et commandos stationne depuis 2009. Son but : sécuriser la zone contre les pirates basés en Somalie. Depuis, non seulement les tentatives de piratage se sont drastiquement raréfiées, mais aucune n'a réussie.

La lutte contre la piraterie se joue aussi sur le terrain juridique comme en France où la notion de piraterie, supprimée des textes en 2007, a été réintroduite 4 ans plus tard. Cela rend les tribunaux français compétents en la matière et, surtout, autorise les forces armées à intervenir en cas d'actes de piraterie avérés.

Enfin, les armateurs ont également réagi et ont équipé leurs navires d'alarmes silencieuses, voire de panic rooms, des pièces sécurisées où se réfugier en cas d'attaque. Ceux qui le peuvent font aussi appel à des sociétés de sécurité privées. Ces dernières embarquent directement leurs hommes dans les bateaux et sont capables d'intervenir rapidement pour récupérer un navire même en situation hostile.

Par Andriatiana RakotomangaPublié le 06/08/2019