Une inquiétante invasion de sargasses aux Antilles

Une inquiétante invasion de sargasses aux AntillesPhoto : Eric Fabet

Les Antilles font face depuis 2011 à des arrivées régulières de sargasses sur leurs plages, et notamment la Guadeloupe.

Que sont ces fameuses sargasses ? Il s'agit d'un type d'algues brunes qui ont pour particularité d'être flottantes. Dans certains cas, elles sont arrimées au fond de la mer par un thalle. Dans d'autres cas, elles ne sont reliées à rien et sont ballottées par les flots. Elles forment alors souvent des masses flottantes relativement importantes qui peuvent atteindre un mètre d'épaisseur et s'étendre sur des kilomètres.

Les arrivées de sargasses sur les plages caribéennes sont un véritable fléau. Desséchées, elles sont inoffensives, mais en cours de dessiccation, elles libèrent du sulfure d'hydrogène, un gaz qui, outre sa toxicité, a pour particularité d'être particulièrement nauséabond. Il faut avouer que c'est particulièrement ennuyeux dans des contrées où ports et plages sont la principale source de revenus.

Certaines îles possédant un seul port peuvent ainsi être coupées du monde : c'est ce qui est arrivé à Terre-de-Bas, dans l'archipel des Saintes, en avril 2018. A un point tel qu'un plan national de lutte contre les sargasses est à l'étude, que les collectivités locales concernées envisagent l'acquisition de machines de ramassage et que certains réclament même la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle.

Cette abondance a intrigué, tant par sa soudaineté que par le fait que la sargasse est globalement en diminution de par le monde. Jusqu'à ce que le pot-aux-roses finisse par être découvert : elles viennent de l'Amazone. Les engrais utilisés dans le bassin versant de l'Amazone sont suspectés d'être à l'origine de ce développement fulgurant. Depuis que la source est identifiée, un suivi par satellite a été mis en place. Des dispositifs d'aspiration pour les intercepter avant échouage pourront donc être envisagés. Mais, plus généralement, le sénateur de Guadeloupe Dominique Théophile réclame une action internationale en direction du Brésil suivant le principe du "pollueur payeur".

Par Charles Lorrain