Une expédition à la recherche de l'épave de La Cordelière

Une expédition à la recherche de l'épave de La CordelièrePhoto : Michel Floch

Une nouvelle recherche d'épave commence cet été près de Brest. Et il ne s'agit pas de n'importe quelle épave. La navire dont il est question est le "Marie-Cordelière", ou plus simplement La Cordelière. Ce fleuron de la flotte bretonne, construit à partir de 1487 sur ordre de François II de Bretagne, avait reçu pour marraine la fille de ce dernier, la fameuse Anne de Bretagne, devenue reine de France en 1491. Il possédait environ 200 canons de divers calibres et plus de 1000 hommes d'équipage.

Le 10 août 1512, La Cordelière est au mouillage près de Brest avec d'autres bateaux pour une réception organisée à son bord. Un raid anglais de 25 navires commandé par l'amiral Howard approche des côtes bretonnes ; La Louise et La Cordelière, avec tous les invités à son bord, se dirigent vers l'escadre ennemie afin de permettre aux autres navires de se mettre à l'abri en rade de Brest. La Cordelière, parvenue à démâter deux navires anglais, se lance à l'abordage du Régent. Malheureusement, l'incendie qui a pris à bord de La Cordelière a très certainement atteint la Sainte-Barbe. L'explosion qui en a résulté a coulé les deux navires et tué la quasi-totalité de leurs 2000 membres d'équipage, dont Hervé de Portzmoguer, le commandant de La Cordelière, aussi connu sous son nom francisé Primauguet.

Cette histoire est connue des historiens, mais la principale énigme reste l'emplacement exact de la bataille de la Pointe Saint-Mathieu. C'est ce qui explique qu'après 500 ans de sédimentation par environ 60 mètres de fond, l'épave n'ait pas été retrouvée à ce jour, malgré des campagnes de recherche en 1997 et 2001. Cependant, des recherches historiques récentes ont mis au jour les conditions météorologiques du jour de l'événement. Le fort vent du sud exclut un mouillage à Plougonvelin, devant la Pointe Saint-Mathieu. C'est donc plus à l'est, sur un secteur de 25 km², que le navire archéologique André Malraux va faire son exploration.

Pourquoi donc cette recherche revêt-elle une telle importance ? Au-delà du chauvinisme breton et du cas particulier de ce duel naval, la découverte pourrait être riche d'enseignement pour l'histoire. En effet, à la fin du XVème siècle, les chantiers navals n'utilisaient pas de plan ! Par conséquent, les connaissances sur les méthodes de construction navale de la fin du Moyen-Âge reposent presque exclusivement sur l'archéologie. De plus, on considère que ce combat naval fut l'un des tous premiers dans lesquels les forces en présence s'échangèrent des tirs d'artillerie.

Par Charles Lorrain