Un poulet sans tête filmé dans le golfe du Mexique

Un poulet sans tête filmé dans le golfe du MexiquePhoto : Capture vidéo NOAA Okeanos Explorer

Les profondeurs océaniques regorgent de créatures plus bizarres les unes que les autres. Non seulement elles ont des physiques surprenants, mais de plus, en raison de la profondeur à laquelle elles vivent, il est rare d'en capturer et encore plus rare de pouvoir les observer vivantes.

C'est pourtant ce qui vient de se passer dans le Golfe du Mexique. A un endroit et une profondeur non précisés, les scientifiques de l'Agence Nationale d'Observation Océanique et Atmosphérique des États-Unis (NOAA) ont pu filmer pour la première fois un étrange animal marin en train de nager. C'est grâce au sous-marin télécommandé (ROV, pour Remotely Operated Vehicule) que la découverte a été faite.

L'animal en question est dénommé Enypniastes Eximia par les scientifiques. Mais il possède également deux autres noms pour les profanes. Le « poulet sans tête » est très approprié lorsqu'on voit son apparence. Mais il est également connu sous le nom de « danseur espagnol », en raison de sa manière de se mouvoir. Son corps, d'une taille comprise entre 6 et 25 cm, est translucide chez les jeunes individus, ce qui permet d'observer son tube digestif. A ce sujet, il est à noter que le même orifice sert de bouche et d'anus.

Mais quelle est donc cette étrange créature ? Il s'agit en réalité d'une holothurie. La classe des holothuries regroupe nombre d'espèces, dont la plus connue est le concombre de mer. Ces animaux sont en général de type benthique, c'est-à-dire qu'ils évoluent sur le fond océanique. Le « danseur espagnol », quant à lui, est de type benthopélagique, c'est-à-dire qu'il est capable de nager en agitant ses voiles (d'où son nom) mais finit par retourner sur le fond. Il a d'ailleurs été observé de 500 m à près de 6000 m de profondeur.

L'Enypniastes Eximia a été décrit dès 1882 par Théel. D'autres animaux semblables ont été décrits entre 1901 et 1940, mais les scientifiques pensent qu'il s'agit à chaque fois de la même espèce, qui serait alors la seule représentante du genre Enypniastes.

Par Charles Lorrain