Requins : des mamans manifestent à la Réunion

Requins : des mamans manifestent à la RéunionPhoto : Ryan McMinds

Lasses de voir les attaques de requins continuer sur leur île, les mères de famille réunionnaises ont décidé d'exprimer leur ras-le-bol en manifestant sur la plage de l'Ermitage.

C'est donc vêtues de rose qu'elles ont défilé au printemps, scandant des slogans appelant les autorités à réagir. Des phrases comme "Les requins, ça suffit" ont ainsi fusé dans l'air sous le regard mi-étonné, mi-amusé des estivants venus se baigner sur cette plage. Une mère de famille interrogée déclare : "On n'accepte plus que nos enfants se fassent dévorer dès qu'ils mettent un pied dans l'eau", ajoutant, "Il faut mettre des systèmes de pêche près des côtes."

Il faut dire que les raisons de cette exaspération sont tragiques : fin avril, un body-boarder de 28 ans décédait des suites d'une attaque de requin qui l'avait mordu à la cuisse. Un drame qui survient 2 mois à peine après la dernière attaque mortelle sur l'île et qui porte à 9 le nombre d'attaques meurtrières entre 2011 et 2017.

Pourtant, la localité n'est pas restée sans réagir face à la crise requin. Elle a commencé par interdire en 2013 toutes activités nautiques sur les plages à risque, ce qui inclut la majorité des côtes de l'île. En 2015, une barrière anti requins de 4 millions d'euros a été installée pour protéger la plage de Boucan Canot, puis celle de Roches Noires. Et en mars 2017, la pêche ciblée a été intensifiée sur la côte ouest de la Réunion. Mais pourquoi alors a-t-on encore à déplorer deux attaques mortelles de requins ? Elles ont en fait eu lieu à la Pointe au Sel et à Saint-André, deux spots toujours sous le coup de l'interdiction de 2013.

A la Réunion, deux camps ont fini par émerger. D'un côté, les associations de victimes qui, à l'image de cette mère de famille qui ne voit pas le requin ailleurs que dans son curry, veulent le retour du droit de la commercialisation de l'animal. De l'autre, les associations de protection environnementale qui sont peu écoutées car ne donnant qu'une solution à long terme basée sur une meilleure compréhension du comportement du requin. Espérons qu'un terrain d'entente pourra être trouvé et que les baigneurs pourront retrouver sans danger les joies du littoral de cette belle île.

Par Andriatiana Rakotomanga