Pollution plastique : attention aux fausses bonnes idées

Pollution plastique : attention aux fausses bonnes idées

Surfrider Foundation Europe part en croisade contre les principales idées avancées contre le plastique qu'elle juge non seulement inefficaces, mais aussi trompeuses pour l'esprit collectif.

Surfrider est une ONG fortement investie dans la protection de nos océans. En juillet 2020, déclaré mois sans plastique, sa branche européenne a lancé "Break the plastic wave", une campagne pensée en collaboration avec Rethink Plastic, un collectif d'ONG militant pour une planète libérée du plastique. Ensemble, elles ont publié une série d'infographies démontrant qu'en fin de compte, les solutions les plus populaires dans la lutte contre la pollution plastique sont loin d'être aussi effectives qu'on le pense.

Pour commencer, les infographies s'attaquent au plastique biodégradable et même biosourcé (fabriqué à partir de matières biologiques) en soulignant qu'ils présentent trois grands inconvénients. Un, ils contiennent tout de même du pétrole ; deux, lesdites matières organiques proviennent en fait d'une agriculture intensive dommageable à l'environnement ; et trois, le plastique biodégradable ne se dégraderait en fait réellement que sous des conditions particulières, conditions inexistantes dans la nature. Au final, ces plastiques impactent tout aussi durement les écosystèmes que le plastique ordinaire.

Il y a ensuite le nettoyage des océans, un rêve irréalisable en l'état actuel de notre technologie selon la campagne, surtout que seul 1% du plastique flotte en surface. Difficile ainsi de songer à réellement assainir les océans de 60 ans de pollution plastique quand le gros est éparpillé dans la colonne d'eau et tapisse même les fonds marins, jusqu'au Challenger Deep.

Enfin, il y a le recyclage, l'initiative anti-plastique la plus adoptée dans l'industrie. Réinjecter du plastique usé dans le circuit pour éviter d'en produire du nouveau, c'est plutôt une bonne idée n'est-ce pas ? Oui, mais insuffisant selon Surfrider qui relève que non seulement la diversité des déchets plastiques complique, voire empêche leur recyclage, mais que de toute manière, dès le départ, seule une partie du plastique que nous produisons peut vraiment être recyclée.

Présenter le recyclage comme une panacée est ainsi trompeur et pour l'ONG, seul réduire notre consommation de plastique, et donc sa production, peut être considérée comme solution à ce fléau. Un objectif vers lequel tout le monde, consommateurs, politiques comme industriels, devrait tendre.

Par Andriatiana Rakotomanga