Pacifica, la bière à l'eau de mer qui réconcilie deux pays

Pour ceux qui aiment à la fois se prélasser sur la plage et boire une bonne bière, il existe désormais une boisson à leur image : Pacifíca, la bière à l'eau de mer. Quelle mouche a bien pu piquer son créateur ?

La bière Pacífica est l'œuvre d'un Bolivien, Gónzalo Campero, dont la brasserie artisanale est sise à Santa Cruz de la Sierra, la capitale économique du pays, qui n'est pas exactement un centre portuaire de première importance : elle se situe à 1500 km de la ville côtière chilienne d'Antofagasta, de l'autre côté de la Cordillère des Andes.

Antofagasta, c'est le lieu où Campero prélève son eau de mer. C'est aussi le point nodal du litige centenaire entre la Bolivie et le Chili. En 1883, à l'issue de la Guerre du Pacifique qui opposait le Chili d'un côté au Pérou et à la Bolivie de l'autre, cette bande littorale a été conquise par le Chili, transformant ainsi la Bolivie en territoire enclavé à l'intérieur du sous-continent. L'accès à la mer est une question politique de premier ordre en Bolivie. Il est au centre de la rancœur des Boliviens envers leurs voisins chiliens.

Gónzalo Campero a donc eu l'idée de fabriquer sa bière à base d'eau prélevée à Antofagasta. Cette eau, purifiée, dessalée et diluée, est utilisée pour la fabrication d'une bière blonde de 5,8% de degré d'alcool. Avec 8 litres d'eau de mer, Campero a produit 240 litres d'une bière à la teinte cuivrée et très légèrement salée, ce qui lui donne une identité propre.

La première production a été faite le 23 mars 2018, jour de la mer en Bolivie. L'idée est non pas d'en faire une fabrication permanente mais périodique, chaque année autour de cette même date.

Campero n'exclut pas d'en exporter vers le Chili. Selon lui, l'idée vise à réconcilier les deux peuples car il vaut mieux discuter autour d'une table en buvant une chela que de se battre. Une idée très honorable. Et probablement aussi un beau coup marketing.

Par Charles Lorrain