Maroc : Taghazout Bay en partie détruite sur ordre du Roi

Maroc : Taghazout Bay en partie détruite sur ordre du Roi

Les Gadiris — c'est ainsi que se nomment les habitants d'Agadir — attendaient depuis longtemps la venue du Roi Mohammed VI dans leur ville, capitale du Souss. Ce jour est arrivé début février 2020, à leur plus grande joie. Mais le Roi a, dit-on, deux particularités : se rendre sans prévenir là où on ne l'attend pas et se mettre en colère. Et c'est ce qui est arrivé à Taghazout Bay, future grande station balnéaire, où Son Altesse Sérénissime a constaté nombre d'irrégularités. Ce qui fit l'objet d'une colère royale. Résultat, il a fait envoyer les bulldozers.

Le petit village de Taghazout, au nord d'Agadir, est depuis longtemps connu et apprécié par les surfeurs du monde entier, pour ses nombreux spots très appréciés. Et les promoteurs immobiliers ont bien sûr un beau jour décidé de profiter de la manne financière que cela pouvait représenter. Le projet Taghazout Bay, une des plus grandes stations balnéaires d'Afrique du Nord affirme-t-on, était né. Et c'est sur plus de 600 hectares qu'il a été convenu que l'installation s'étendrait, avec notamment 8 692 lits prévus, répartis entre du locatif haut de gamme et 9 complexes hôteliers, de renommée internationale pour certains !

Malgré plusieurs revers, financiers d'une part et liés aux dommages subis par le fragile littoral d'autre part, le chantier progressait bon an mal an, jusqu'à la visite impromptue du Roi du Maroc sur celui-ci, le 8 février 2020. Ce qu'il a observé n'a pas été du tout à son goût ! Débordements sur l'espace public, éléments de construction qui n'apparaissaient pas sur les plans et beaucoup d'autres infractions, parfois graves, lui on fait perdre son calme.
Dès le 15 février au matin, sur les Hautes Instructions du monarque, les forces de l'ordre et les Caïds de Taghazout et Aourir se rendaient sur les lieux pour signifier la suspension du chantier. En cause, des "irrégularités et dysfonctionnements relevés dans la construction de la nouvelle station balnéaire et touristique".

À Agadir, on n'hésite pas à évoquer un véritable séisme. En effet, les conséquences seront et sont déjà lourdes pour les contrevenants. Toute construction non conforme aux plans présentés au Roi lors de l'élaboration du projet sera détruite. Depuis, les ordres de démolition émanant du Ministère de l'Intérieur pleuvent, et certains édifices en ont d'ores et déjà fait les frais. Ainsi dans les jours qui ont suivi et après évacuation des lieux, 4 chantiers de villas en bord de mer ont été démolis, ainsi que certaines parties d'un hôtel qui n'apparaissaient pas sur les plans initiaux. 25 autres villas sont dans le collimateur des autorités, comme beaucoup d'autres éléments de chantier.

Tous les travaux ont donc été mis en suspens et une commission d'enquête a été créée. Et il est fort probable que dans un proche avenir, des têtes, peut-être haut placées, tombent… Ce n'est pas une première, car il est déjà arrivé que sous l'effet de la colère, Mohammed VI fasse démolir totalement ou partiellement des édifices, comme un pont à Rabat en 2019 ou encore un bâtiment dans la marina de Casablanca en 2016.

Par Estelle-Sara Soldner