La vague du burkini fait des remous sur les plages

La longue et chaotique cohabitation des religions et de l'état laïc en France a connu cette année un nouvel avatar, le burkini.

Le burkini est un vêtement long couvrant l'intégralité du corps et de la tête, à l'exception du visage, des mains et des pieds, permettant aux femmes qui le souhaitent de se baigner sans dévoiler leur corps. Ce vêtement, s'il n'est pas apparu cette année, est une invention récente. Sa créatrice, l'Australienne Aheda Zanetti, l'aurait inventée en 2004 en voyant des femmes se débattre laborieusement dans l'eau avec leur hidjab. Elle aurait alors eu l'idée de créer un vêtement de bain pour les « femmes sportives et pudiques ».

Le mot, de son invention, est une contraction entre « burqa » et « bikini ». Quel oxymore, car la burqa est faite pour cacher le corps féminin, et le bikini pour le dévoiler. Si Aheda Zanetti a l'esprit communautaire, elle a également l'esprit commercial. Le burkini existe en effet dans de multiples déclinaisons, certaines étant même destinées aux non-musulmanes qui souhaitent se protéger du soleil.

Le burkini est dans les faits une pratique très marginale. Cependant, après une série d'attentats revendiqués par l'État Islamique, c'est l'organisation d'une journée spéciale burkini dans un centre aquatique des Pennes-Mirabeau, dans les Bouches-du-Rhône, qui a mis le feu aux poudres. Si les piscines municipales interdisent de se baigner avec des tenues portées à l'extérieur pour raison d'hygiène, rien n'interdit légalement le port du burkini dans un lieu privatisé pour l'occasion.

Un arrêté municipal réussit cependant à annuler la journée burkini dans le centre aquatique. S'ensuivent une série d'arrêtés municipaux dans la région PACA et ailleurs, visant à interdire le burkini pour risque de trouble à l'ordre public. Cette position a été validée par les tribunaux en cette période d'attentats et d'état d'urgence, même si des recours ont été déposés.

Comme on pouvait s'y attendre, on a assisté à des dérapages. Une femme a été verbalisée en août 2016 sur une plage cannoise vêtue d'un simple voile islamique et d'une tenue de ville pour ne pas porter « une tenue respectueuse des bonne mœurs et de la laïcité », termes figurant dans l'arrêté municipal. L'affaire va être portée devant les tribunaux. Les associations féministes, si elles sont opposées au burkini en tant que tel, montent au créneau car, selon elles, on fait porter le chapeau communautariste aux femmes et non pas à ceux qui leur imposent de telles tenues.

Même s'il est à parier que la pression médiatique va retomber quelques temps, nul doute que le début de la campagne pour l'élection présidentielle saura remettre ce sujet sur la table.

L'ironie de l'histoire, c'est que les islamistes voient le burkini comme une perversion des musulmanes, car, à leurs yeux, une femme n'a tout bonnement rien à faire à la plage !

Par Charles Lorrain