La plage mythique de Pampelonne redevient sauvage

La plage mythique de Pampelonne redevient sauvage

C'est un spectacle assez étrange qui a débuté le 18 octobre 2018, sur la fameuse plage de Pampelonne, à Ramatuelle, dans le sud de la France. Des bulldozers ont commencé à raser les édifices pourtant très prisés - bars, cafés, restaurants - qui n'ont pas été retenus dans la nouvelle concession votée pour le renouvellement de cette plage mythique.

Pampelonne est la plage de la Côte d'Azur qui a vu naître la mode du maillot bikini, mais c'est surtout ici que fut tourné le légendaire film Et Dieu créa la femme qui fit de Brigitte Bardot l'idole qu'elle a été. Alors que Saint-Tropez n'était qu'une petite bourgade de pêcheurs, le succès retentissant du film, notamment aux États-Unis, a métamorphosé la zone et avec elle cette douce plage de sable fin. Très vite, les stars et les amateurs de soirées endiablées ont commencé à s'emparer du lieu, jusqu'à ce que la plage de Pampelonne sature. Avec près de 30.000 visiteurs quotidien sur la période Juillet / Août, il était temps de mettre un frein à l'activité spéculative et à la privatisation de cet espace naturel. C'est ainsi que des associations se sont mobilisées afin de rendre sa liberté à la plage.

Une première décision en 2002 a vu le conseil d'Etat classer la plage de Pampelonne comme "espace naturel remarquable". Normalement, cela implique la disparition de toute activité privée sur la zone, mais souhaitant éviter les conflits, la mairie a fait les choses en douceur. Un appel d'offres a donc été lancé, afin que de nouveaux résidents commerciaux qui respectent la nature puissent s'installer, et il a permis à 6 nouveaux établissements de décrocher le St Graal.

Pour les commerçants déjà présents, il y a eu les chanceux et les autres. Certains ont obtenu le droit de reconstruire leur bar ou leur restaurant en amont de la plage, et pourront travailler 10 mois sur 12. Ceux qui restent sur le sable devront démonter leur structure durant l'hiver, afin de laisser la plage respirer. Enfin, les commerçants qui n'ont pas été sélectionnés n'ont qu'à plier bagage, ce qui bien sûr a fait des mécontents. Des recours en justice sont en cours de la part des recalés.

Pour le moment, les bulldozers détruisent les bâtiments sous le regard surpris des habitués, dont certains s'offusquent de cette disparition. Brigitte Bardot déplorait il y a peu le fait qu'on soit en train de "tuer Pampelonne". Mais peut-on reprocher aux décisionnaires de privilégier la nature à la fête ? Pas sûr.

Par Mickael