Des cratères dans la baie de Concarneau

Quand on dit cratère, on pense impact, et notamment impact de météorite. En baie de Concarneau, à une profondeur de 25 à 40 mètres et sur une surface d'environ 40 km², on trouve des cratères par milliers, d'un diamètre pouvant atteindre les 30 mètres. Inutile de chercher à dater la pluie de météorites qui serait tombée dans le Finistère, car là n'est pas le responsable.

Les cratères en question sont connus sous le nom de pockmarks. Il s'agit de remontée vers la surface d'eau, d'huile ou de gaz. Pourquoi donc une telle concentration, plusieurs milliers par kilomètre carré, à cet endroit ? Si les pockmarks sont très rares sur la terre ferme, pourquoi sont-ils plus courants en mer, et singulièrement près des côtes et dans les estuaires ? C'est pour répondre à ces questions que l'Ifremer, en collaboration notamment avec l'Université de Nantes, a lancé la campagne de recherche "Sypoco" (pour SYstèmes sédimentaires et de POckmarks de la baie de COncarneau).

Le site lemarin.fr rapporte les questionnements du chercheur Axel Ehrhold : "Est-ce lié à la nature des sédiments qui comblent les anciennes vallées ou à leur âge ? Ou bien à la nature des gaz qu'ils contiennent ? Ou encore à des mécanismes déclencheurs en surface (vague, marées) ou en profondeur (séismes) ?". Car l'une des hypothèses est, en effet, que les sédiments marins aient recouvert une zone de matière organique charriée par les rivières, avant que les lieux soient submergés par les mers.

Ainsi, à l'aide du navire océanographique Thalia, la mission a récolté des données sismiques, a effectué des carottages et procédé à la pose d'instruments de mesure (Soless) qui ont fait leur œuvre 30 heures durant. D'autres instruments (station Bob) doivent être posés en 2018. Le but ? Faire une estimation des émanations gazeuses et étudier la formation de ces structures découvertes fortuitement en 2003 par l'Ifremer à l'occasion d'une opération concernant la faune et la flore marines de ce secteur.

Outre la densité exceptionnelle de cratères qui est en soi de niveau mondial, la faible profondeur de l'eau et le diamètre plus modeste des cratères qu'à d'autres endroits en font un site de choix pour l'étude du phénomène. Espérons que la campagne sera fructueuse pour la science.

Par Charles Lorrain