Buddo, l'île-refuge pour chiens mal-aimés

Buddo, l'île-refuge pour chiens mal-aimés

Après l'île aux cochons des Bahamas, voici l'île aux chiens du Pakistan. Mais il ne s'agit pas ici d'animaux barbotant sur une plage de sable fin au milieu des touristes venus leur faire des câlins. Cette île est plutôt comparable à un refuge de la SPA.

L'île en question s'appelle Buddo (mais on l'appelle aussi Dingy ou Dingi). Elle est située en mer d'Arabie, à 9 km de Karachi, la plus grande ville du Pakistan avec ses 15 millions d'habitants. Dans le monde musulman, les chiens ont mauvaise réputation. Il existe même une jurisprudence religieuse en la matière.

Qu'est-il donc reproché à ces animaux ? Il semble qu'historiquement, en terre d'Islam, les chiens se nourrissaient avant tout des déchets. Ils avaient ainsi un rôle dans la société humaine, sans même parler de la protection qu'ils apportaient face aux rats. Lorsque le lien a été fait entre déchets, eau croupie et maladies, les ordures ont été amoncelées hors des villes, et les chiens qui s'en nourrissaient les ont suivies.

Ainsi marqués du sceau de l'infamie, les chiens ont fait l'objet au Pakistan de campagnes d'éradication. Face à des dizaines de milliers de chiens errants causant des morsures selon la municipalité de Karachi, les autorités ont procédé à des empoisonnements massifs ou à des exécutions par balle, comme l'autorise une loi datant de la période coloniale britannique. Mais un certain nombre d'habitants ne sont pas du tout d'accord avec la méthode de limitation de la population canine, préférant des campagnes de stérilisation.

L'île de Buddo est cependant un endroit où les chiens peuvent vivre à Karachi. Heureux serait un grand mot, mais au moins à l'abri de la persécution. Cette petite île abrite un grand nombre de chiens arrivés là on ne sait comment. Malheureusement pour ces quadrupèdes, il n'existe ni eau potable ni nourriture à Buddo. Ils doivent se contenter d'eau de pluie croupie ou de poissons échoués. Mais ils savent qu'il peuvent compter sur des pêcheurs émus par leur sort. Ceux-ci leur apportent régulièrement de la nourriture et de l'eau, en prenant soin que chaque animal en ait sa part, et notamment les chiots.

Si Buddo n'est pas encore un paradis pour chiens, elle éloigne pour certains d'entre eux la perspective proche du purgatoire.

Par Charles Lorrain