Une toute petite partie de nos océans est encore sauvage

Les océans recouvrent 70% de la surface de notre planète. Ce milieu, toujours hostile aux humains, semble encore très sauvage. Mais est-ce vraiment le cas ? C'est une question à laquelle a tenté de répondre un groupe de chercheurs. Le résultat est inquiétant, mais les perspectives ne sont pas totalement pessimistes pour autant.
Une toute petite partie de nos océans est encore sauvage

Quand on pense au monde sauvage, on pense de prime abord aux grand espaces où la main de l'homme n'a jamais mis le pied, ou presque, comme l'Amazonie, le grand nord canadien ou les steppes mongoles. On pense moins aux espaces sauvages marins, et pour cause : comment faire la différence ?

Une équipe de chercheurs a donné à la fois une réponse qualitative et quantitative, pour un résultat finalement assez attendu : ils se réduisent comme peau de chagrin. On se demande également si les mesures de sauvegarde entreprises seront suffisantes.

Qu'est-ce qu'un océan sauvage ?

Caractériser un espace sauvage sur la terre ferme demande une certaine précision, mais tout le monde voit bien, dans les grandes lignes, de quoi il s'agit. Par contre, en mer, c'est une autre paire de manches : comment fait-on la différence entre un océan qui est sauvage et un océan qui ne l'est pas ?

Kendall Jones et son équipe ont fait une sélection de 15 critères. On y trouve bien entendu la pollution de l'eau, la présence ou non de déchets flottants, ou encore le trafic maritime, mais pas seulement. Ils ont également porté leur étude sur d'autres critères comme la diversité génétique ou la présence d'espèces endémiques. Ces critères sont définis par ces chercheurs comme étant des "facteurs de stress anthropiques", autrement dit des vecteurs de l'influence des activités humaines de toutes sortes sur le milieu marin.

Où trouve-t-on des zones sauvages ?

Les chercheurs qui ont réalisé l'étude ont publié une carte afin de localiser les zones préservées. Elles se trouvent pour l'essentiel à trois endroits : l'Arctique, l'Antarctique et le sud du Pacifique (autour de la Polynésie Française). Et on voit aussi à quel endroit il ne reste absolument plus d'océan à l'état sauvage : près des côtes.

Les principales causes sont de plusieurs natures. On trouve bien entendu les pollutions et perturbations diverses d'origine humaine à proximité des côtes. Au milieu de l'océan, il s'agit davantage du trafic mondial avec des routes maritimes qui relient les principaux centres de production et les principaux centres de consommation (autrement dit l'Asie, l'Amérique du Nord et l'Europe) qui s'échangent les conteneurs par milliers.

Et il y a aussi le fait que plus de 50 % de l'humanité vit à moins de 200 km des côtes. On estime donc qu'environ 2,8 milliards d'humains se nourrissent essentiellement de poissons et fruits de mer, essentiellement issus de la pêche industrielle, ce qui n'est pas sans conséquence sur les populations de poissons et la biodiversité.

Océan sauvage

Mais que fait la police ?

Le réchauffement climatique fait fondre les glaces polaires et de nouvelles routes maritimes sont en passe d'être ouvertes, notamment dans le grand nord. Inutile de dire que le Passage du Nord-Est et le Passage du Nord-Ouest ne resteront plus sauvages très longtemps. Sans compter la pêche industrielle, qui ne manquera pas de profiter également de la fonte de la banquise pour venir chercher le poisson dans des zones jusqu'à présent inaccessibles.

En tout, selon cette étude, il n'y aurait plus que 13% des océans encore à l'état sauvage, soit 55 millions de km² sur les 500 millions de km² d'océans existant. Alors que faire pour préserver les océans du globe ? Après tout, il existe des aires marines protégées (équivalent maritime des parcs naturels). Problème : seuls 5% des 55 millions de km² sauvages sont inclus dans ces aires. Autrement dit : seule une partie minuscule de nos océans qui sont encore vierges de toute perturbation humaine font l'objet d'une mesure de protection.

L'un des problèmes rencontrés est la pêche industrielle : 55% des poissons sortis des océans proviennent de cette pêche intensive. Des quantités sans cesse plus grandes de poisson sont prélevées toujours plus loin des côtes, sans faire vraiment preuve du discernement qu'il faudrait.

Fort heureusement, la conscience progresse : l'ONU est en train de préparer un nouveau traité afin de protéger la haute mer qui reste pour l'heure un endroit où tout est permis.

Par Charles LorrainMis à jour le 04/10/2018