Les polluants chimiques s'accumulent au fond des mers

Si vous pensez que le fond des océans est bien plus pur que les rivages souillés par l'Homme, et bien vous vous trompez. Une étude édifiante dénonce les ravages subis dans les profondeurs marines.

Il y a encore des endroits sur Terre où la main de l'homme n'a pas mis le pied. En revanche, les polluants, eux, sont partout. Si on en retrouve au sommet des plus hautes montagnes (déchets abandonnés par certains alpinistes), sur le continent antarctique (DDT et PCB) ou même dans l'espace, en orbite autour de la terre, les profondeurs océaniques ne sont pas plus épargnées, alors même qu'elles sont encore très mal connues.

Une étude accablante

C'est ce qui ressort d'une étude faite par des scientifiques britanniques de l'Institute of Biological and Environmental Sciences d'Aberdeen. L'article a été publié dans la dernière livraison de la revue scientifique Nature Ecology & Evolution en février 2017.

Des prélèvements ont été faits à différentes profondeurs dans les plus profondes fosses marines de la planète : la fosse des Mariannes (à proximité de l'île de Guam) et la fosse de Kermadec (près de la Nouvelle-Zélande). Les résultats sont sans équivoque : on y retrouve une importante concentration de polluants organiques persistants, connus sous l'acronyme de POP.

Ce résultat ne fait que confirmer des soupçons. Ces composés hydrophobes tendent à se fixer à tous les corps minéraux ou organiques en suspension dans l'eau et, par gravité, se retrouvent dans les profondeurs océaniques et notamment dans les fosses marines dont la forme joue un rôle d'entonnoir accumulateur.

Des effets dévastateurs sur la nature

Les POP, de par leurs propriétés lipophiles, s'accumulent dans les organismes vivants. C'est à cette famille qu'appartiennent les fameux PCB, ainsi que d'autres joyeusetés comme le DDT et autres pesticides. Ils sont responsables de divers cancers, de perturbations endocriniennes, d'hypertension...

Accumulés dans les sédiments, il s'introduisent dans la chaîne alimentaire. Les poissons qui vivent à ces profondeurs ont dans leur organisme des concentrations supérieures à celles qu'on trouve dans les espèces vivant plus près de la surface. Toutes les espèces ont été étudiées, mais une attention particulières a été apportée à des variétés endémiques afin d'exclure toute provenance extérieure à la fosse. C'est par ce moyen que les mesures de POP en fonction de la profondeur ont été faites.

Le résultat est sans appel : on trouve davantage de POP dans les fosses marines que sur les fonds marins entourant certaines zones côtières notoirement polluées. Un constat alarmant sur la santé de nos océans.

Par Charles LorrainPublié le 27/02/2017