Les océans menacés par la pollution sonore

Décidément, on aura tout entendu : le bruit, incessant semble-t-il, causé par les humains et par leurs activités touche et menace sérieusement les fonds marins.
Les océans menacés par la pollution sonore

C'est le programme « Listen to the Deep-Ocean Environment », ou LIDO, qui tire la sonnette d'alarme. Par le biais de 100 capteurs placés en mer (jusqu'à 3 000 mètres de profondeur) et un peu partout dans le monde, le LIDO a révélé que le monde du silence est en fait un univers de bruits que nos oreilles ne sont tout simplement pas à même de capter.

Une pollution sur l'ensemble du globe

Pendant 10 ans, les chercheurs du LIDO ont écouté les fonds marins avec leurs capteurs et leur verdict est sans appel : depuis le début de l'ère industrielle, nous affolons la faune marine avec le bruit de nos bateaux, de nos bouées et de nos forages. Le pire, c'est que cette pollution concernerait tous les animaux marins sans exception, sur toutes les mers et tous les océans du globe, exception faite de l'Arctique. Il est vrai qu'il est difficile d'échapper au son...

Ces basses fréquences qu'on n'entend pas

Miche André, bio-acousticien, affirme que le bruit que fait un bateau voguant tranquillement au large de Barcelone serait ressenti... jusqu'en Sicile ! Soit tout de même à quelques 3 000 km de là ! Il faut savoir en effet que les sons à basse fréquence produits par les activités humaines se propagent loin, très loin, et ne perdent de leur intensité qu'en rencontrant des obstacles. Les baleines utilisent par exemple cette astuce pour communiquer avec des groupes très éloignés : leurs chants devenant inefficaces, elles font d'énormes bonds hors de l'eau pour s'écraser ensuite, générant un énorme "splash" pouvant être entendu à des milliers de kilomètres à la ronde.

Des effets catastrophiques

Concrètement, les conséquences de cette pollution sonore sont nombreuses : désorientation, à l'instar des bancs de calmars ou de cachalots échoués sur les plages. Il y a aussi le brouillage des sens et notamment du radar, ce qui empêche certaines espèces comme le dauphin ou la baleine de chasser correctement. Même les méduses et les oursins peuvent être atteints par ce mal. Enfin, certains sons peuvent même détruire les organes internes, comme les sons impulsifs sur les dauphins. S'ils ne s'éloignent pas vite de la source du son, c'est la mort assurée.

Dans ce malheur, il y a tout de même une bonne nouvelle : contrairement à la pollution plastique et autres pollutions chimiques, il suffit simplement d'arrêter notre cacophonie pour que les océans aillent mieux. Reste à savoir si c'est vraiment faisable...

Par Andriatiana RakotomangaMis à jour le 04/12/2018