Les menaces qui pèsent sur les mangroves

La mangrove porte sur ses frêles épaules une longue liste de responsabilités qui en fait un élément primordial de notre écosystème global. Pourtant, à l'instar de nombreux autres écosystèmes marins, elle doit aujourd'hui faire face à de nombreuses menaces qui la mettent en péril.
Les menaces qui pèsent sur les mangrovesPhoto : bertknot

Forêt sur l'eau, la mangrove est le sanctuaire de nombreuses espèces. Elle leur sert d'habitat, oui, mais pas seulement ! C'est également une nurserie pour crustacés et poissons, une escale pour les oiseaux migrateurs et même un stock de nourriture pour tout ce petit monde, y compris l'Homme.

Pour la côte, elle joue un rôle protecteur contre l'érosion, les tempêtes et les tsunamis. Les fonctions qu'elle remplit sont aussi nombreuses que vitales, ce qui ne l'empêche pas d'être aujourd'hui en danger.

Le bouleversement climatique

Les mangroves couvrent approximativement 150.000 km² de la planète, mais sont pourtant, avec les récifs de corail, l'un des écosystèmes les plus foisonnants du monde et les plus producteurs de biomasses (masse totale d'êtres vivants présents dans un milieu, par surface ou par volume). Mais à l'instar des récifs également, toute cette biodiversité est menacée par le réchauffement climatique.

De nombreuses mangroves sont sous la coupe d'une montée des eaux, comme celles des îles de l'océan Pacifique : les États fédérés de Micronésie, les îles Fidji ou encore les Samoa vont ainsi perdre au moins la moitié de leurs mangroves selon le Programme des Nations Unies pour l'environnement.

D'autres se vident de leurs eaux, progressivement ou soudainement comme en Australie au début de l'année 2016 : 7.000 hectares de mangrove ont alors dépéri en à peine un mois suite à une sécheresse jugée record.

La pression humaine

Partout autour du globe, les mangroves sont exploitées par l'Homme sans grand cas pour les rôles capitaux qu'elle a à jouer. A Madagascar par exemple, le palétuvier est abattu comme bois de chauffage ou pour en faire du charbon. En Guadeloupe, elle est purement et simplement défrichée et remblayée pour construire des routes, des zones portuaires, des zones industrielles ou même touristiques. Dix ans y auront suffi pour faire disparaître 30% de la mangrove.

Ailleurs, elle est remplacée par des marais salants (Guinée), quand elle n'est pas supplantée par des exploitations d'huile de palme (Indonésie) ou des projets pétroliers (Brésil).

Les mines et les usines sont aussi une menace pour les marais littoraux. Elles rejettent des produits chimiques qui bouleversent l'équilibre fragile de l'écosystème en la polluant tellement que la mangrove, censée agir comme un tampon entre la terre et l'océan, sature. Au Bangladesh, la construction d'une immense centrale à charbon à 14 km à peine des Sundarbans, la plus grande mangrove du monde, provoque ainsi une immense levée de boucliers. Les Sundarbans sont un patrimoine de l'humanité qui a déjà subi les ravages d'une marée noire en 2014, autre bête noire (sans mauvais jeu de mots) de la mangrove.

Les fermes aquacoles

Mais les plus grandes menaces auxquelles doivent faire face les mangroves sont les fermes aquacoles, le plus souvent des élevages de crevettes (pénéiculture). Une telle structure détruit tout l'écosystème avant, pendant et même après son exploitation.

Pour commencer, la mangrove est défrichée sur une large zone pour permettre l'implantation de la ferme. Ensuite, l'utilisation d'engrais, de pesticides et d'antibiotiques pendant des années déséquilibre son écosystème, détruit des espèces et répand les antibiotiques dans la chaîne alimentaire entière. Après quelques années d'exploitation enfin, la ferme est abandonnée, mais les excréments mélangés aux différents produits chimiques utilisés ont fini par former une boue toxique à forte teneur en sel qui empêchera toute culture sur les 30 ans à venir. Autant dire, plus de mangrove avant longtemps.

La FAO, L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, évalue ainsi à 3,5 millions d'hectares la surface de mangrove ayant disparu entre 2002 et 2017. On estime également que la régression des mangroves se fait à un rythme régulier de 1 à 2% par an. Heureusement, la réhabilitation des mangroves est possible, à condition de ne pas attendre trop longtemps !

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Par Andriatiana RakotomangaPublié le 05/10/2017