Le poisson-perroquet : on lui doit les plus belles plages !

À le regarder avec sa bouille improbable, le poisson-perroquet ne paie pas de mine. Mais ne vous y trompez pas, ce poisson est tout aussi essentiel à l'écosystème dans lequel il évolue qu'à nos vacances au bord de mer. Explications.
Le poisson-perroquet : on lui doit les plus belles plages !Photo : Richard Ling

Derrière la dénomination "poisson-perroquet" se cache en fait une famille de poissons comptant une centaine d'espèces environ. On le rencontre surtout dans les mers chaudes où il aime folâtrer entre les coraux, que ce soit dans un récif ou entre les restes d'une épave colonisée par le corail.

Un poisson très coloré

Le poisson-perroquet (de son petit nom latin "Scaridae") est un poisson épais, faisant une quarantaine de centimètres de long en moyenne, même si certaines espèces peuvent sans problème dépasser le mètre. Il est facilement repérable avec ses couleurs vives et variées allant du jaune au vert en passant par le rouge, l'orange ou encore le bleu.

Ces couleurs dépendent de l'âge du poisson, de son sexe, mais aussi de sa place dans la hiérarchie s'il évolue en groupe. Dans ce dernier cas, seul le mâle dominant aura une livrée vraiment colorée, les autres se contentant d'arborer une tenue commune.

Mais ce qui rend vraiment le poisson-perroquet reconnaissable entre tous, c'est son bec caractéristique qui lui donne un air de perruche. En perpétuelle croissance, c'est ce bec qui lui sert à gratter le corail à la recherche de sa subsistance.

Le jardinier des coraux

Le corail est un animal vivant de la photosynthèse, ce qui signifie qu'il a besoin de lumière pour survivre. Or, il n'est pas rare que les récifs soient envahis d'algues dont la prolifération menace alors leur survie. C'est là que le poisson-perroquet entre en action.

Véritable vache des mers infatigable, il nettoie le récif en broutant sans relâche les algues envahissantes ainsi que les coraux morts, laissant indemne le corail en bonne santé. Se faisant, il entretient à lui tout seul de larges écosystèmes foisonnants de vie. Aux Caraïbes, région où le poisson-perroquet est pêché à l'excès, les chercheurs ont ainsi pu remarquer que les récifs étaient en mauvaise santé. Un danger de plus que doit affronter le corail.

Un créateur de belles plages

Pour se nourrir, le poisson-perroquet gratte le corail. Se faisant, il en ingurgite forcément, surtout si c'est du corail mort, plus friable que celui en bonne santé.

Le corail qu'il concasse du bec est rejeté au terme de sa digestion sous forme de nuages de sédiment dont une partie tombera au pied du récif pour en consolider la base. L'autre partie, elle, partira vers les côtes où elle formera... de splendides plages de sable blanc !

Un poisson-perroquet produit ainsi 100 kg de sable par an. Et quand on sait qu'il peut vivre jusqu'à 20 ans et qu'à certains endroits, ils sont assez nombreux pour recouvrir l'environnement sonore sous-marin du bruit de leur mastication, on ne peut que leur être reconnaissant pour toutes les belles plages de sable fin qu'ils ont contribué à créer.

Par Andriatiana RakotomangaMis à jour le 19/07/2018