Le bénitier géant, roi des coquillages

Les coquillages ne se limitent pas à ces petits morceaux de nacre que nous aimons ramener avec nous au retour des vacances. Il y en existe de gros, de très gros même, à l'instar du bénitier géant, le plus imposant des mollusques.
Le bénitier géant, roi des coquillages

Le bénitier géant est un mollusque bivalve de la famille des Tridacnidae que l'on rencontre dans le Pacifique, l'océan Indien et la mer Rouge. Également appelé tridacne géant (Tridacna gigas pour son nom scientifique), il doit son nom à sa forme qui rappelle celle des vasques utilisées pour contenir l'eau bénite dans les églises.

Un coquillage XXL

La principale caractéristique du bénitier géant est sa taille qui est vraiment impressionnante : jusqu'à 1,5 mètre de long pour un peu plus de la moitié de large. Cela en fait le plus gros des 10 espèces de bénitiers connus à ce jour. Avec des dimensions pareilles évidemment, l'animal pèse son poids : jusqu'à 250 kg sur la balance.

Entre les valves du bénitier géant se trouve ce que l'on appelle le manteau, une masse charnue parfois tellement massive qu'elle déborde hors des valves. Il arrive aussi que ce manteau soit très coloré. Cela est dû aux zooxanthelles, ces micro-algues vivant en symbiose avec le corail et qui semblent également très bien se plaire avec le bénitier géant.

Une réputation de mangeur d'hommes

Dans les écrits d'autrefois, le bénitier géant traînait une réputation d'amateur de chair humaine. On racontait alors volontiers aux continentaux en mal d'exotisme les mésaventures tragiques de chasseurs de perles, morts ou amputés pour avoir laissé traîner un bras ou un pied entre ses valves. De pures inventions, naturellement, mais comme dans toute légende, elles recèlent une part de vérité.

Le muscle refermant les valves du tridacne géant est effectivement très puissant et il est très difficile, voire impossible de les ouvrir de force une fois refermées. Leur fermeture prend cependant du temps, assez pour offrir toute latitude au plongeur afin de s'écarter.

Enfin, preuve finale que le bénitier géant n'est pas un mangeur d'hommes : l'animal n'est même pas carnivore. Il se nourrit exclusivement de phytoplancton qu'il récupère en filtrant l'eau de mer. La photosynthèse de ses zooxanthelles lui fournit même assez d'éléments nutritifs pour croître en toute autonomie. Quand tout va bien, le mollusque peut ainsi vivre jusqu'à 100 ans.

Une espèce surexploitée

Le bénitier géant est comestible, c'est même un mets fort prisé dans tout le Pacifique, que ce soit en Polynésie, en Nouvelle-Calédonie ou en Océanie. Comme il vit généralement en colonie sur le fond de la mer et à faible profondeur, il a fait l'objet d'une pêche intensive qui a fortement fait descendre sa population.

En Asie, notamment en Chine, les valves des bénitiers géants sont également appréciées comme objet de décoration. Dotées de jolis reflets nacrés, elles sont travaillées pour accueillir des scènes et des paysages, voire pour en faire des bijoux et autres objets de luxe.

Le souci est que le tridacne géant a une reproduction très lente et surtout très aléatoire. Les bénitiers d'une colonie - qui ont la particularité d'être tout d'abord des mâles jusqu'à leur taille adulte avant de devenir femelles - expulsent leurs spermatozoïdes et leurs ovocytes dans l'eau. La larve résultant de leur rencontre devra alors survivre à une dangereuse vie planctonique avant de se fixer sur un substrat. Il lui faudra 3 à 6 mois pour faire 1 à 2 cm de long.

Résultat des courses, le bénitier géant est aujourd'hui considéré comme espèce vulnérable et il a même disparu de plusieurs zones comme en Nouvelle-Calédonie. Son seul espoir repose sur les fermes d'élevage, qui devraient permettre son réensemencement en milieu naturel.

Par Andriatiana RakotomangaPublié le 03/01/2020