Le baliste : attention, poisson méchant !

Le baliste est un poisson connu des amateurs de plongée en eaux tropicales. Mais il existe une espèce qui vit près de nos côtes et qui mord ceux qui s'en approchent. À cet égard, l'été est une saison particulièrement savoureuse.
Le baliste : attention, poisson méchant !

Un mystérieux agresseur fait parler de lui ces derniers mois sur les côtes du sud de la France. Plusieurs cas de morsures ont été signalés. Le coupable n'est pas un requin, mais un autre poisson : le baliste. À ne pas confondre avec la machine de guerre, la baliste. Quoique pour ceux qui sont en face, la différence n'est pas forcément évidente.

Un animal faussement tropical

Les balistes sont une famille de poissons dont il existe de nombreuses espèces. Certaines, comme le baliste royal ou le baliste picasso, sont tropicales et connues des amateurs de plongée sous-marine et de poissons multicolores. Si bien qu'on a cru voir en lui une remontée vers le nord d'espèces des mers chaudes. Mais en France, et également dans une bonne partie de l'Atlantique, on trouve le baliste commun, gris et tacheté de légères marbrures aux reflets bleutés.

On trouve ce dernier surtout au sud de la Méditerranée mais son aire de répartition s'étend dans tout le nord de l'Atlantique et sur les côtes africaines. En France, des spécimens ont été observés jusque sur les côtes de la Mer du Nord. Si ce phénomène n'est pas récent, car sa présence dans cette région a été répertoriée depuis longtemps, il n'est pas exclu que le réchauffement climatique le pousse à davantage s'aventurer vers le nord.

Le baliste commun est classé comme espèce vulnérable depuis 2015. S'il est assez méconnu en Europe, il est volontiers cuisiné en Afrique et au Mexique où sa chair est appréciée. Il est victime depuis plusieurs années d'une surpêche qui a fait baisser sa population. L'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) demande donc d'éviter sa capture, qu'elle soit volontaire ou accidentelle.

Un poisson peu sociable

Les balistes adultes mesurent en moyenne une cinquantaine de centimètres. Ils sont reconnaissables à leurs deux épines, l'une dorsale et l'autre ventrale. Ils sont carnivores et se nourrissent d'autres poissons comme les daurades, mais aussi de coquillages et de petits crustacés qu'ils peuvent briser avec leurs dents acérées et leurs puissantes mâchoires. On les trouve surtout le long des côtes, à une profondeur de 10 à 50 mètres environ.

Ces poissons nagent plutôt calmement. Mais ils ont le tempérament vif, surtout en période de reproduction où ils défendent leur territoire avec véhémence et peuvent être très agressifs. Leur territoire, c'est tout ce qui se trouve entre leur nid et la surface. Tout intrus est alors chassé par le propriétaire des lieux. Comme le baliste n'est pas du genre à se laisser intimider, la meilleure chose à faire en cas de rencontre est de s'éloigner.

D'ailleurs, si le baliste est un pensionnaire assez classique des musées océanographiques, certains aquariums ont décidé de ne plus présenter ces poissons décidément trop caractériels et jugés dangereux pour le personnel.

baliste commun

Agressions en série pendant l'été

Bien que ce poisson soit connu depuis longtemps pour son agressivité, on a pu noter en 2020 des morsures en plus grand nombre qu'auparavant. Pascal Romans, océanographe au Service Mutualisé d'Aquariologie de l'Observatoire Océanologique de Banyuls, qui s'est confié à Sciences et Avenir, a un avis sur la question.

Les balistes ne vivent d'ordinaire pas à proximité des zones de baignade mais la hausse des températures peut modifier le métabolisme de ces animaux et exacerber leur comportement chasseur. C'est peut-être ce qui explique les attaques de baigneurs répertoriées dans le Var, dans les Alpes-Maritimes et dans l'Aude. Et si on en parle, c'est parce que les victimes se souviendront longtemps de leur rencontre avec un baliste : la morsure saigne et est très douloureuse.

Fort heureusement, et contrairement à d'autres animaux marins, le baliste n'est pas venimeux. Ce qui ne l'empêche pas de repartir parfois avec un morceau de doigt.

Par Charles LorrainMis à jour le 21/09/2020