La surpêche, ou comment tuer les océans

La surpêche, on en parle beaucoup mais pas assez. On sait qu'elle est une menace pour la planète, mais dans quelle mesure ? On sait qu'elle se pratique sur presque toutes les mers, mais comment au juste ? Faisons le point sur cette pratique contestable.
La surpêche, ou comment tuer les océansPhoto : Jon Anderson

La pêche industrielle existe depuis la moitié du 20ème siècle, toutefois cette activité s'est largement intensifiée depuis l'invention de méthodes modernes de pêche et la mondialisation des échanges. La demande est ainsi allée en augmentant, de même que la consommation mondiale de poissons (9,9 kg par personne en 1960, plus de 20 kg en 2016).

Afin de satisfaire cette demande, les industriels n'hésitent donc pas à abuser des techniques de pêche qui sont à leur disposition même si cela signifie avoir recours à des méthodes destructrices pour amasser un maximum de poissons. Bien évidemment, ces pratiques ne sont pas sans effet.

Qu'entend-on vraiment par "surpêche" ?

Une pêche est qualifiée de surpêche lorsqu'elle est effectuée de manière excessive, irresponsable et/ou dévastatrice pour les ressources halieutiques. En effet, la surpêche consiste à maximiser la capture d'un ou plusieurs poissons précis sans tenir compte ni de la taille, du poids et de l'âge des prises, ni de la période de pêche, ni même des prises annexes qui sont le plus souvent rejetées, mortes ou vives.

Ces rejets sont très représentatifs de la surpêche puisque ce sont 25 à 40% des prises qui sont ainsi remises à l'eau, incluant les poissons trop petits pour être vendus ou trop abîmés. Ce taux passe de 80 à 95% pour la pêche au chalut des crevettes. Cela représente 20 à 30 millions de tonnes de poissons par an, ce qui est énorme.

Les méthodes de surpêche

La méthode de surpêche par excellence est le chalutage de fond. Elle emploie de grands filets de pêche lestés de lourds poids et équipés de roues métalliques raclant le fond marin et ravageant tout sur leur passage. Avec cette technique, toutes les espèces se trouvant sur le chemin des filets sont ramassées puis remontées : poissons, mollusques, mammifères, corail, algues, tout. Les prises inutiles sont ensuite rejetées et ne survivent généralement pas.

La surpêche se fait aussi par empoisonnement, ou encore à l'explosif pour tuer ou étourdir les poissons dans une large zone. Enfin, certains pêcheurs ont recours à la "pêche fantôme" qui consiste à laisser des filets en mer pour qu'ils continuent à capturer les poissons même si le pécheur ne les vérifie pas fréquemment.

Un impact mondial très alarmant

Pour commencer, la surpêche met en danger tout l'écosystème et la biodiversité marine. Elle détruit les habitats et les nurseries de plusieurs espèces vivantes et s'attaque indifféremment aux spécimens adultes et juvéniles, brisant le cycle de renouvellement pourtant lent des espèces des bas fonds. Elle entraîne ainsi une diminution importante des stocks de poissons et la disparition de plusieurs espèces (en Europe, le tiers des poissons d'eau douce est en voie de disparition).

En 2014, une recherche a affirmé que les stocks mondiaux de gros poissons ont baissé de deux tiers en un siècle. 60% des poissons européens sont ainsi surexploités (75% en Méditerranée) et 80% au niveau mondial. Si cela continue, on estime que nos océans et mers seront déserts d'ici 2048, voire 2036.

Enfin, si elle n'est pas enrayée, la surpêche privera progressivement les 3 milliards d'individus dépendant du poisson de leur principale source de protéine. Un changement de comportement est donc urgent pour la planète !

Par Andriatiana RakotomangaPublié le 02/11/2016