L'aquaculture, une solution pour l'alimentation du futur

L'explosion démographique mondiale nécessite une exploitation toujours plus soutenue de nos ressources alimentaires, alors même que la pression climatique est plus forte que jamais. En résulte des défis complexes que l'aquaculture pourrait bien solutionner.
L'aquaculture, une solution pour l'alimentation du futur

Selon l'Organisation des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), 580 espèces marines différentes sont aujourd'hui exploitées dans des fermes aquatiques. Des poissons et des mollusques, mais aussi des crustacés et même des algues. Une activité dans laquelle réside l'avenir de l'alimentation mondiale.

Pour une meilleure empreinte carbone

Les préoccupations climatiques actuelles poussent à penser "durable", et fort est de constater que l'élevage intensif tel qu'on l'a développé dans les pays industrialisés est loin de l'être. La viande peine ainsi à convaincre dans sa capacité à nourrir efficacement le monde, alors même que, dans à peine 30 ans, nos besoins alimentaires seront 70% supérieures à ceux d'aujourd'hui. L'aquaculture, elle, fournit des protéines pour un coût en carbone moindre. A quantité identique par exemple, l'élevage de poissons de haute mer et de mollusques émet 20 fois moins de CO2 que l'élevage bovin.

Jusqu'à 6 fois plus de nourriture

La pêche fournit actuellement un cinquième des protéines animales dans l'alimentation mondiale. En exploitant comme il se doit tout le potentiel de l'océan pourtant, cela pourrait monter à deux tiers rien que dans les 30 ans à venir.

Les clés, selon la FAO, résident dans une gestion plus intelligente de nos réserves de poissons (rien que l'arrêt de la surpêche augmenterait les prises de 20% par exemple), mais surtout dans la mariculture, technique d'aquaculture qui consiste à élever le poisson en milieu naturel, directement en mer.

Cette manière de faire, qui existe déjà aux Îles Féroé ou encore aux îles Canaries, favorise naturellement la salubrité des élevages (et donc rend les antibiotiques accessoires), mais aussi améliore le bien-être des poissons et limite les besoins en apport alimentaire extérieur. Des avantages qui non seulement augmenteront le rendement des fermes, mais le goût des poissons n'en sera aussi que meilleur.

En changeant ainsi nos manières de faire, et en exploitant dans la foulée de nouvelles ressources comme des algues ou du krill, nous pourrions tirer de la mer six fois plus de nourriture qu'aujourd'hui, sans pour autant la mettre en danger.

poissons

Des écueils à éviter

Avec davantage de nourriture, produite en prime de manière éco-durable, l'aquaculture semble être la solution pour nourrir les 9,7 milliards d'humains qui peupleront la Terre en 2050. Une solution à fort potentiel, certes, mais qu'il faudra savoir appliquer adroitement au risque de passer à côté.

La mariculture, par exemple, n'est pas une méthode miracle et il faudra faire attention aux eaux où l'on s'implante. Le plus souvent, il sera nécessaire de s'éloigner des côtes, souvent polluées, et de se mettre dans un courant marin. Dans les zones où les coups de grains sont fréquents, l'utilisation de matériels spécifiques comme des cages résistantes aux tempêtes devient obligatoire. Pour ces raisons, et pour bien d'autres, la mariculture ne peut encore être rentable dans tous les pays.

Il faudra également abandonner les mauvaises pratiques qui ont écorché la réputation des poissons d'élevage comme le saumon. Surpopulation des bassins, utilisation abusive d'antibiotiques et de pesticides, alimentation déséquilibrée, les erreurs du passé doivent être apprises et ne plus être refaites.

Dans tous les cas, l'aquaculture a de beaux jours devant elle. Dans les années 2010, sa production a dépassé celle de la capture et continue de progresser, tandis que la capture stagne entre 60 et 80 millions de tonnes pêchées par an depuis les années 1990. Résultat, aujourd'hui 50% des poissons destinés à la consommation humaine proviennent déjà de l'aquaculture !

Par Andriatiana RakotomangaPublié le 17/02/2020