L'algue verte de Bretagne, bientôt du passé

Aussi triste que cela puisse l'être, la Bretagne a longtemps été victime de l'algue verte. Mais aujourd'hui, après d'innombrables invasions, il se murmure que la libération est proche. Ce pourrait-il que l'algue soit enfin vaincue ?

Environ 50.000 tonnes d'algues vertes (Ulva armoricana et Ulva rotundata) sont ramassées tous les ans en moyenne sur les plages bretonnes. Une constatation d'autant plus alarmante que cette prolifération n'est pas sans conséquence. Mais l'espoir est permis, car de récentes observations permettent, semble-t-il, d'affirmer que l'invasion est en train de s'essouffler.

Une origine humaine

La prolifération des algues vertes tire son origine de la pollution des eaux par des composés azotés et phosphatés. Issus notamment de l'agriculture et de l'élevage intensif (engrais et excréments d'animaux), ces composés sont lavés par les précipitations puis emportés par les eaux de ruissellement jusqu'aux rivières et dans la mer.

L'ennui, c'est que ce sont des nutriments de choix pour les algues, notamment à cause du nitrate produit dans le cycle de l'azote. La prolifération est rapide et les algues vertes profitent des eaux chaudes pendant l'été et le printemps pour envahir les cotes bretonnes, poussées par le courant.

Mais l'élevage et l'agriculture ne sont pas les seuls en cause, puisque les nitrates contenus dans les eaux usées (domestiques et industrielles) et versées dans les océans contribuent également à la propagation des algues vertes.

Sont-elles dangereuses ?

Les algues vertes, aussi appelées laitue de mer, ne représentent aucun risque tel quel et sont même comestibles lorsqu'elles sont cueillies vivantes et fraîches, et non mortes et échouées sur les plages. Là, elles sont dangereuses pour la santé.

D'ailleurs, lorsqu'elles périssent en masse, leur décomposition par le soleil est anaérobie (elle se fait sans oxygène) et elles dégagent alors de l'hydrogène sulfuré (HS2). Non content de dégager une odeur épouvantable, ce gaz est également très toxique, voire mortel. Durant l'été 2011, il a été à l'origine de la mort de 36 sangliers en Bretagne.

Les invasions d'algues font aussi fuir les touristes (qui aiment les plages envahies d'algues et qui puent ?) et fragilisent l'écosystème sur une large zone par eutrophisation en causant l'appauvrissement des eaux en oxygène. Cela va jusqu'à créer des zones mortes dans le pire des cas.

Un espoir pour les côtes bretonnes ?

Des études ont démontré que depuis quelques années, la prolifération d'algues vertes a diminué : 75.000 m3 en 2012, 44.000 m3 en 2013 et 25.000 m3 en 2014. En 2011, ce volume était de 80.000 m3 !

Parmi les causes de ce recul, des plans de gestion de mieux en mieux rodés, l'adoption en masse des pratiques anti-nitrates par les agriculteurs (cultures nitrophiles, calcul et limitation de la quantité d'azote épandable, etc.). S'y ajoutent ensuite les tempêtes hivernales qui renvoient les algues au large et éparpillent la pollution azotée. En résumé, plus il y a de tempêtes durant l'hiver, moins il y aura d'algues l'été suivant.

Cela signifie malheureusement que la disparition des algues des côtes bretonnes n'est pas définitive, du moins pour l'instant. Tant que les conditions leur seront favorables, les algues vertes seront toujours présentes. Mais cela montre également que l'on est sur la bonne voie et qu'il est tout à fait possible de battre l'invasion. Tout n'est que question de persévérance !

Par Andriatiana RakotomangaPublié le 16/02/2017