Henderson, le petit paradis dévasté par le plastique

Henderson, une des îles de l'archipel britannique des Pitcairn, dans le Pacifique Sud, est vierge de toute présence humaine. Son écosystème préservé et ses espèces endémiques lui ont valu un classement au patrimoine mondial de l'Unesco. Mais malgré tout, l'île est menacée par une invasion de plastique sur ses côtes.
Henderson, le petit paradis dévasté par le plastiquePhoto : Polyrus

Avez-vous déjà entendu parler d'Henderson ? Non ? Ne vous inquiétez pas, vous n'êtes pas le seul. Cet atoll soulevé, inhabité et fort inhospitalier, fait partie de l'archipel des Pitcairn, un territoire britannique perdu au milieu du Pacifique. L'ensemble de la maigre population, des descendants des fameux mutins du Bounty, est regroupé sur une seule des île, Pitcairn.

Une île particulièrement inhospitalière

L'île d'Henderson a une superficie de 31 km², soit environ un tiers de la superficie de la ville de Paris. C'est, de très loin, la plus grande île de l'archipel dont la surface totale est de 47 km². Sur cette île, l'eau potable est très rare, l'agriculture extrêmement difficile à pratiquer, et la pêche quasiment impossible car la taille des arbres ne permet pas de construire d'embarcation.

Il semble qu'il y ait eu une petite population polynésienne au XVème siècle mais de nos jours aucune population permanente n'y est répertoriée et l'île n'est que rarement visitée, si ce n'est par les habitants de Pitcairn qui viennent y chercher du bois.

Les Britanniques n'ont aucune possession dans le Pacifique autre que les Pitcairn et leur cinquantaine d'habitants. Les Pitcairn sont à environ 5000 km de toute grande agglomération et sont administrées depuis la Nouvelle-Zélande. La surveillance maritime d'Henderson comme du reste de l'archipel est donc assurée par la Marine Nationale française depuis Tahiti située à environ 2000 km de là.

Un environnement préservé classé par l'Unesco

L'île d'Henderson a malgré tout un intérêt écologique. Malgré son manque d'eau, une certaine végétation s'y trouve à son aise, ainsi qu'une certaine faune. L'absence d'occupation humaine depuis des siècles en fait un écosystème quasi intact et, à ce titre, l'île a été classée au patrimoine mondial de l'Unesco en 1988.

À ce jour, aucune étude systématique de la faune et de la flore de l'île d'Henderson n'a été effectuée pour répertorier les espèces qui y vivent. On y a cependant déjà identifié un certain nombre d'espèces endémiques, soit de l'archipel des Pitcairn, soit de la seule Henderson. Il est établi qu'il s'y trouve au moins quatre espèces de vertébrés endémiques, dont un oiseau sans aile, la marouette d'Henderson. Il est également admis qu'environ un tiers des invertébrés (insectes et gastéropodes) présents dans l'île sont endémiques.

De même en ce qui concerne la flore. Si celle-ci est pauvre en raison du manque d'eau, une dizaine d'espèces endémiques ont été répertoriées à ce jour.

Le littoral envahi par le plastique

Comme il ne se passe rien à Henderson, son nom ne figure jamais dans les journaux. Mais si l'île a fait l'actualité dernièrement, c'est parce que malgré son isolement, elle est envahie par toutes sortes de déchets flottants qui se déposent sur ses rivages.

Comme en d'autres endroits, ces détritus ont été charriés par les courants marins. En l'occurrence, c'est le Gyre subtropical du Pacifique Sud, un courant marin circulaire, qui "récupère" de nombreux déchets flottants sur les côtes de l'Amérique du Sud et les fait voyager jusqu'à l'île d'Henderson. Les scientifiques qui ont mené l'étude ont ainsi répertorié des déchets en provenance de 24 pays !

Par Charles LorrainPublié le 28/06/2017